Le syndrome du gisant ou l'enfant de remplacement
- Pauline Drey
- 1 oct. 2023
- 2 min de lecture

L’inconscient familial a horreur du vide.
Il ne supporte ni l’oubli, ni l’exclusion, ni l’injustice.
Si un de ces membres est oublié, exclu, traité injustement, le système rééquilibre et répare.
Et il répare généralement avec ceux qui suivent.
À la suite d’un décès traumatisant, par l’âge de la victime ou la nature du décès, considéré comme injuste ou intolérable, un nouveau membre de la famille peut être conçu ou élevé avec la mission inconsciente de remplacer celui qui est parti.
Par exemple, lorsqu’un enfant meurt, le frère ou la sœur qui naîtra ensuite peut se retrouver dans cette situation de réparation. Il pourra alors grandir avec le sentiment de n’être jamais à la hauteur de la tâche, jamais suffisant, ou même avec un sentiment de culpabilité immense envers celui qui est décédé, comme s’il en était responsable.
Ce besoin de réparation est d’autant plus probable si, comme cela a souvent été le cas dans les anciennes générations, on ne parlait plus de ses enfants morts en bas-âge, comme s’ils n’avaient jamais existé, comme s’ils n’avaient jamais fait partie de cette famille.
Ils sont littéralement oubliés.
Cette réparation transgénérationnelle peut se faire également sur la génération suivante :
Une mère donne à son enfant le prénom de son père décédé jeune à la guerre et qu’elle n’a que très peu connu. L’enfant grandit dans l’ombre de ce grand-père, avec l’injonction d’être celui qui a tellement manqué à la mère. Par identification inconsciente, cet enfant peut alors reproduire des schémas de la vie de cet homme, poursuivre une même carrière, tenter d’accomplir ce qui a si tôt été stoppé, avec le sentiment étrange de vivre la vie d’un autre, de manière «automatique».
Cette façon qu’à le système de faire revivre par tous les moyens ceux qui sont injustement partis, peut entrainer chez ceux qui endossent ce rôle de « remplaçant » un sentiment de ne pas avoir le droit de vivre, des angoisses de mort profondes, une grande tristesse voire de la dépression, et souvent une répétition des difficultés et des drames de la personne avec laquelle ils s’identifient.
Dans ce cas de figure, il est important de redonner une vraie place aux membres de la famille décédés, de les honorer comme il se doit et de leur rendre enfin ce qui leur appartient.
C’est seulement en prenant conscience et en se « désolidarisant » de ce destin tragique que l’on peut à nouveau respirer et vivre sa propre vie.